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Le blog de Gloria : Of War and Peace
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Dans le silence

Dans le silence

La persécution des chrétiens au Nigéria continue. Elle s'amplifie, sur fond d'inaction gouvernementale. 

Mais personne n'en parle.

L'évêque de Truro, Cornouailles, Grande-Bretagne, le Révérend Philip Mounstephen, choqué, estime même que "le monde choisit de regarder dans l'autre direction" tandis que des milliers sont massacrés. Il déclare que cette violence est motivée par des raisons religieuses et il exhorte les gens à parler haut et fort de ce qui se passe au Nigéria.

Pourtant, 3462 personnes ont été massacrées depuis le début de l'année 2021.

Un chef de Boko Haram a certes été assassiné, mais l'hydre dispose de plusieurs têtes. La violence est maintenant principalement le fait d'éleveurs nomades peuls islamistes, qui attaquent les agriculteurs chrétiens sédentaires sans leur laisser aucun répit, aucune chance de survie. 

Dernièrement, un internat baptiste avait été attaqué, et plus d'une centaine d'élèves enlevés par des Peuls, qui avaient démoli un mur d'enceinte pour accéder et avaient tiré des coups de feu. Des adolescents avaient réussi à s'enfuir, d'autres avaient été ensuite relâchés.

Ci-dessous deux articles donnent une image très réaliste et documentée de la situation.

Même le fait même que nous puissions dire, alors, vous savez, écoutez, c’est pire que l’année dernière, comme si l’année dernière était acceptable. C’est terrible. C’est un massacre qui se déroule. Je pense que le monde choisit de détourner le regard. Et c’est épouvantable. Je reste choqué par l’ampleur, l’ampleur et la gravité de ce qui se passe dans ce monde aujourd’hui.

Rev. Philip Mounstephen, évêque de Truro

En 200 jours, des djihadistes islamistes ont tué près de 3500 chrétiens au Nigeria et ont attaqué 300 églises. Un désastre révélé par le dernier rapport de l’International Society for Civil Liberties and Rule of Law (Intersociety) qui a étudié les faits survenus entre le 1er janvier et le 18 juillet 2021.

Traduction partielle de l’article ci-dessous

Intersociety, Nigeria, dimanche 18 juillet 2021

Le nombre de chrétiens sans défense massacrés par les djihadistes islamistes et leurs collaborateurs dans les forces de l’ordre durant les 200 derniers jours, du 1er janvier au 18 juillet 2021 s’élève à au moins 3462, ce qui ne fait que 68 morts de moins que le nombre total de chrétiens nigérians tués en 2020, que l’Observatoire International de l’ONG Portes Ouvertes fixe à 3530. Ce chiffre représente en outre une moyenne journalière de 17 chrétiens assassinés, la moyenne la plus élevée depuis 2014, quand plus de 5000 chrétiens avaient été tués par Boko Haram et les éleveurs nomades djihadistes fulanis. Quand Boko Haram tuait plus de 4000 chrétiens en 2014, les éleveurs nomades djihadistes fulanis étaient responsables de la mort de 1229 chrétiens. Dans notre dernier rapport, publié le 11 mai 2021, qui couvrait la période de janvier à avril 2021, nous avons établi que 1992 chrétiens au moins avaient perdu la vie. Nous avons établi également que 780 chrétiens de plus, au moins, avaient été enlevés en 80 jours du 1er mai au 18 juillet, tandis qu’entre le 1er janvier et le 30 avril, 2200 avaient été enlevés. Ceci amène le nombre total de chrétiens enlevés à 3000 depuis janvier. On suppose qu’environ un dixième des chrétiens enlevés sont susceptibles de mourir en captivité, ce qui représente environ 300 chrétiens morts dans le secret durant leur captivité aux mains des djihadistes. On suppose aussi 150 morts de plus, des « chiffres cachés », ou des morts qui se sont produites, mais dont on n’a aucune trace et dont personne ne parle.    

Le nombre des églises menacées ou attaquées et fermées ou détruites, ou brûlées depuis janvier 2021 est donc estimé à environ 300, avec au moins dix prêtres ou pasteurs enlevés ou tués par les djihadistes. L’Etat du Taraba s’est avéré être le plus affecté, avec au moins 70 églises menacées, ou attaquées, et fermées ou brûlées ou détruites. Dans le but de rétablir la vérité, donc, la Société Internationale des Libertés Civiles et du Droit est un groupe qui enquête au niveau des droits. Il suit et enquête au sujet des persécutions religieuses et des autres formes de violences religieuses perpétrées par des acteurs d’états ou non, depuis 2010 et à travers le Nigéria. Nous effectuons cela en établissant un contact direct avec les victimes, les témoins, en suivant les faits relayés par les médias, en procédant à une revue de rapports crédibles aux plans local et international, par des interviews, des sources confidentielles, etc. 

Impunité et complicité des forces de l’ordre nigérianes : Il est profondément navrant que jusqu’à ce jour, les responsables de ces massacres anti-chrétiens dans le pays continuent à échapper à la justice. Ils ne font l’objet d’aucun contrôle, ni traçage, ni d’aucune enquête ni d’aucun procès, ceci conduisant à l’impunité et des atrocités à répétitions. Les victimes survivantes et les familles des victimes décédées sont également totalement abandonnées par le Gouvernement du Nigéria. Le Gouvernement nigérian continue à faire face à de vives critiques et de fortes accusations de culpabilité et de complicité, voire d’assistance en spectateur aux meurtres. Les forces de l’ordre sont tellement approximatives et compromises qu’elles interviennent à peine quand des chrétiens vulnérables sont en danger, menacés ou attaqués. Dans le nord du pays, les djihadistes opèrent librement sous la couverture et la protection des forces de l’ordre ; ils enlèvent, ils tuent, ils pillent, ils détruisent ou brûlent, ils convertissent de force leurs captifs, des chrétiens sans défense, leurs foyers, les lieux sacrés de culte et d’étude. Mais ce sont les mêmes forces de l’ordre qui réagissent brutalement, de manière haineuse, avec une extrême férocité à l’encontre des chrétiens du sud ou du nord accusés d’infraction ou de contrevenir à la loi.

Les meurtres par des éleveurs nomades sont très répandus et responsables de 1909 morts : les éleveurs nomades djihadistes fulanis sont responsables de la majorité des meurtres, au moins 1909 décès de chrétiens en 200 jours, suivis par Boko Haram, ISWAP (NDLT Islamic State's West Africa Province, branche régionale de l'Etat Islamique en Afrique Occidentale qui connait un certain essor depuis l'assassinat du chef de Boko Haram) et les Bandits Musulmans Fulanis qui, ensemble, ont tué 1063 chrétiens, tandis que l’armée nigériane, rejointe par les forces de la police nigériane et d’autres branches des forces armées répondent de 490 morts. Les 3462 morts chrétiens comprennent 300 morts de plus, ce qui représente des morts chrétiens parmi les morts en captivité aux mains des djihadistes, en moyenne 10% de morts parmi les chrétiens enlevés et disparus, et environ 150 morts de plus, qui représentent techniquement les chiffres cachés du crime. Les meurtres perpétrés par les éleveurs nomades djihadistes fulanis sont donc le fléau le plus répandu dans la totalité des six régions géopolitiques du Nigéria, ciblant les zones chrétiennes de Taraba, Adamawa et Gombe dans le Nord-Est; Le Sud Kaduna (Nord-OUest) et d’autres localités chrétiennes dans l’Etat; Benue, Plateau, Nasarawa et Kogi dans le Centre-Nord; Oyo, Ondo, Ekiti et Ogun dans le Sud-Ouest; Ebonyi, Enugu, Imo, Anambra et Abia dans le Sud-Est; et Edo, Delta, Akwa Ibom, Cross River et Rivers dans le Sud.

Les Bandits Musulmans Fulanis, qui se sont formés à l’origine dans l’Etat de Zamfara en 2011, sont responsables ensemble des actes de terreur qui continuent à se perpétrer dans les parties chrétiennes du Sud Kaduna,  les Etats de Niger, FCT, Nasawara et Kogi. Ils sont également responsables des agressions à l’encontre des musulmans indigènes Hausa dans les Etats de Zamfara, Katsina, Sokoto et Kebbi. Dans le Kebbi, par exemple, les Bandits Musulmans Fulanis ciblent, tuent ou enlèvent à la fois des chrétiens et des musulmans ; ils nourrissent à l’égard de leurs co-religionnaires musulmans la croyance djihadiste que les « musulmans indigènes Hausa ne sont pas des purs musulmans » ; des raisons semblables sont invoquées dans les féroces attentats djihadistes contre leurs co-religionnaires musulmans dans le Zamfara, le Katsina, le Sokoto et dans les zones musulmanes des Etats du Kaduna et Niger. Boko Haram et ISWAP, pour leur part, sont majoritairement responsables des attentats dans le Borno, Adawama, Yobe et Taraba ; ils ont, par leurs récentes alliances avec d’autres djihadistes, ouvert des routes d’accès djihadistes et mené des attaques féroces et incontrôlées dans le Niger, le FCT, le Nasarawa, le Kebbi et le Kaduna, etc…

(…)

(NDLT : données géographiques statistiques, répétitives)

Au moins dix prêtres de l’Eglise Catholique et des pasteurs des Eglises Pentecôtistes ont été enlevés ou tués en captivité par les djihadistes islamistes. Le 20 mai 2021, le Révérend Père Alphonsus Bello a été enlevé par les djihadistes avec le Révérend Père John Keke et dix autres fidèles à Malumfashi, Etat du Katsina. Il a été tué quelques jours plus tard avec huit chrétiens sur les dix enlevés. Le 30 mars 2021, le Révérend Père Ferdinant Ngugban et six autres chrétiens ont été tués par les djihadistes à Katsina-Ala, Etat du Benue. Le Révérend Père John Gbakaan du Diocèse de Minna a été également tué par les djihadistes en janvier 2021.En mai 2021, le Pasteur Leviticus Makpa Marcus a été tué par les djihadistes dans l’Etat du Niger, et le 13 juillet 2021, le Pasteur Timothy Damisa de l’Eglise CRCN a été sauvagement assassiné par les djihadistes à Kurmi, Etat du Taraba. Parmi les prêtres et les pasteurs enlevés au cours des 200 derniers jours, se trouve le Révérend Père John Keke enlevé en mai 2021 à Malumfashi, Etat du Katsina, le Révérend Père Elija Juma Wada, enlevé en juin 2021 par BH (NDLT Boko Haram) à Adamawa, le Révérend Père Marcel Onyeocha, enlevé par des éleveurs nomades djihadistes fulanis à Irube, Okigwe, Etat de l’Imo, le Révérend Père Harrison, curé de la paroisse catholique St John, Obinomba à Ukwuani, Etat du Delta, enlevé le long de la route d’Abraka par des éleveurs nomades djihadistes en mars 2021, et le Pasteur Bulus Yikura de l’Eglise EYN, enlevé par BH près de Chibok dans l’Etat du Borno en mars 2021.

 

Signé par les principaux représentants de la International Society for Civil Liberties and Rule of Law.

 

NDLT : noms et fonctions des signataires, puis sources statistiques émanant notamment d’instances officielles